Résumé, après deux semaines sur la glace de la baie James
                       

Résumé, après deux semaines sur la glace de la baie James

Baie James - Olivier Soudieux hiver 2016-2017

Résumé, après deux semaines sur la glace de la baie James

Bonjour, ici Olivier, depuis les glaces du Sud de la baie James, au Canada.
Température idéale dans la tente: -7,9°C (-30°C dehors prévu demain).
Temps couvert, comme depuis 4 jours, mais le baromètre indique que cela s’améliore.

Résumé des événements depuis mon départ de Waskaganish, il y un peu plus de deux semaines (je ne sais plus exactement quel jour je suis parti. Chez les indiens comme en Expé la gestion du temps est… autre !).

D’abord, grosses difficultés pour sortir de la baie Rupert. Direction à prendre: Nord-Ouest. Vent dominant (omniprésent serait plus adapté: Nord-Ouest).

D’où l’apprentissage de la patience sous ma tente en attendant que le vent tourne. Ce qu’il n’a fait que durant 4h en une semaine en fin de nuit et tôt de matin. Le temps de ranger le camp, il était tombé.

Un peu de marche à pied et deux journées à remonter au vent m’ont approché du cap à franchir.
Peut-être 20 ou 30 km parcourus grâce au cerf-volant à chaque fois, majoritairement dans le brouillard, qui ont permis au final de s’approcher du cap de plus ou moins… 2,5 km seulement à chaque fois.

Remonter au vent avec 250 kg tracté derrière soi,pas facile ! (Pas une découverte, mais permet de confirmer les possibilités de déplacement avec matériel et nourriture pour trois mois d’autonomie totale).

En pratique, face au vent: pour jouer et faire du kite, prends ton cerf-volant, et tu vas faire des km; ou prends tes jambes, tu vas faire beaucoup moins de km dans la journée, mais plus de km utiles.

Pour agrémenter, le second jour, navigation totalement dans le brouillard, et en fin de journée, j’ai « détricoté » une partie du terrain gagné: le vent avait en partie tourné, et -à continuer de travailler pour remonter au vent, j’ai reperdu une partie du terrain gagné (!).

Puis est venu le jour où j’ai manqué de quelques heures le vent idéal. Direction idéale, puissance idéale. Disponible au lever du soleil, non annoncé par la prévision MTO. Je m’apprête à partir au plus vite.
Au moment de lever la voile… plus de vent !

Je passe toute la journée dehors à l’attendre. Rien. Plus un souffle d’air jusqu’au soir.

Je change de stratégie. Demain, à la 1ère heure, je serai debout et prêt, quoi qu’il arrive. Quitte à partir sans manger s’il le faut, voire à dormir dehors sans la tente si besoin (ce qui n’a pas été nécessaire finalement).

Jeu de roulette et choix gagnant: le lendemain, journée de rêve.

Du vent. Du bon vente. Presque vent arrière. Des km défilent sous les skis en direction du cap. Je suis obligé de tempérer les ardeurs de ma nouvelle voile (une Pulsion, de Concept’Air) montée sur de lignes. Un kite de folie, fait pour voler dans pas d’air. Dès 8 km/h de vent, je suis parti, même avec tout ce que traîne !
Journée formatrice: encore de petites barres de compression de glace, passage du cap, d’autre km qui défilent, et rencontre avec de vraies barres de compressions, que les forces puissantes de la glace en mouvement ont créées si bien qu’il faudrait demander au cerf-volant d’agir à pleine puissance pour créer le surcroît de traction nécessaire à débloquer la pulka, mais demande de traction complémentaire qui ne peut se faire que dans la direction qui va du même coup vous projeter sur l’autre bloc de
glace là-bas, en forme d’épée pointée vers vous !!!

Pas eu de chute de ma part (on n’en a pas été loin un couple de fois !). Du cerf-volant, si.

J’avais bien étoffé ma capacité à faire décoller le cerf-volant dans très peu de vent (pré gonflage, etc…).

J’ai complété ce jour l’option redécollage en situation impossible !

Enfin extirpé de ce amas infâme (à kiter) et sublime (à regarder), je retrouve -entre deux barres qui se rejoignent- un champ de neige dure et plate. Le vent a forci encore (30 km/h dans les rafales, alors que j’ai toujours 60m de ligne sur la Pulsion 15m2 -conçue pour le tout petit vent et avec 27m de ligne seulement-).

Je prends progressivement le contrôle et décide de poser le camp.
32 km parcourus, seulement, mais journée majeure ! :-)

Le lendemain… Changement d’ambiance: hausse drastique de la température et pluie !!

De la grosse pluie qui mouille et détrempé tout, de la grosse pluie qui fait fondre toute la neige autour de la tente, si bien de les piquets se retrouvent à l’air libre. De la grosse pluie qui s’accumule sur la plaque de glace, qui la rend pensante, et qui commence à m’emprisonner au milieu de lacs de neige fondue dans de l’eau.
Je ne m’en suis vraiment rendu compte qu’en fin d’après-midi. Il faut partir d’ici, et vite.
Trop tard pour le jour même, mais demain à la 1ere heure, c’est sûr !

Je laisse le camp encerclé de sa protection anti ours polaire (on n’en a vu qu’un dans cette partie extrême Sud est de la baie cette année, mais bon…) et je pars avec le fusil en repérage, car s’être arrêté à la jonction de deux barres de compression majeure rend difficile de trouver un passage.

Sans compter le fait que, l’ « opération survie » du dernier redécollage du kite afin de me sortir de l’une de ces deux barres m’a éloigné de la côte, ni le fait que je suis désormais à proximité de ce second cap à propos duquel les aînés consultés au village étaient unanimes: « open water – stay close » était leur consigne, le doigt pointé sur la carte. (Ce qui, bien compris, signifie « eau libres » -plus de glace, lieu idéal prendre un bain- « rester près de la côte »).

La notion des »près » est une grandeur toute relative. Je le découvre lors de mon repérage pour trouver un moyen de sortir de l’impasse où je me trouve avec le camp en place.
Ayant « visité » la barre de compression de gauche la veille et vu à quel point avancer dedans -même à pied- serait un plaisir, j’explore d’abord celle de droit, à peut être 200m du camp.

Ô joie: on trouve l’eau immédiatement. Rétrospectivement, je me félicite de ne pas être allé plus loin la veille !!
Petite frayeur rétrospective, mais plein de belle photos vont donc conclure cette journée.
Ainsi que le repérage de la barre de gauche, clairement seul accès pour un retour à la côte.

Le lendemain, température prévue chaude.
Je pars au plus tôt pour bénéficier des restes de fraîcheur de la nuit.

Une demi-journée d’effort plus tard, j’ai parcouru les 1,67 km qui me séparaient de la côte à vol d’oiseau.
Plein d’enseignements et d’expérience à nouveau, à cheminer à pied dans la zone de compression, dont les creux ont sombré sous l’eau de pluie. Neige brune, grise, blanche, mate mais sculptée en surface, autant d’informations à décrypter, qui chacune indiquent un impossible, un danger, une opportunité durable, ou une opportunité pourvu que l’on traverse très vite quelques mètres.

Marche le long de la côte l’après midi. De l’effort face au vent. Mais tellement simple que c’était savoureux !

Après deux jours repos/bricolage/réparation (il y eu un peu de casse, rien de grave)/optimisation du matériel (ah ! cette fichue boussole que je n’arrivais pas à voir sur mon bras quand je kitais dans le brouillard), je pense repartir demain. L’angle est un peu juste entre le vent prévu et ma route jusqu’au prochain cap. Mais si je le passe, la suite s’annonce plus facile (pour ce qui est de ce qu’il se passe dans les airs. Pour le sol, on verra).
Température de retour au frais: -30°C annoncé en journée. Plus le facteur vent, puisque je serais au travers, voire un peu au près. Je mets ma petite laine !

A bientôt pour de nouvelles aventures !

J’essaie d’informer au mieux, mais entre la gestion de l’énergie (électrique au solaire et de celle du promeneur du monde), il faut jongler.
Ex: Cet e-mail à pris une journée presque entière pour être rédige avec un stylet, une lettre à la fois, là mains qui gèle et le reste au chaud dans mon duvet.

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