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Toujours plus vite pour passer avant l’accident !

« Toujours plus vite pour passer avant l’accident ! »
Devise croisée au hasard d’un taxi : le chauffeur l’avait affichée en guise de clin d’oeil.

Certains d’entre nous ont une petite voix intérieure qui dicte que la réussite se mesure à la vitesse d’exécution.

En situation de stress, de crise, d’urgence, ne sommes-nous jamais tentés par la fuite en avant, plutôt que de s’accorder le droit à une performance véritable: la nécessaire respiration pour observer, prendre le temps de la réflexion et décider au mieux.

Voulez-vous un mauvais conseil ? Allez toujours plus vite pour passer avant l’accident !

… et vous le rencontrerez !


Quelle est la première mission d’un chef d’entreprise ?

Lors de mes interventions en entreprise, je pose souvent ces trois questions : quelle est la première mission d’un chef d’entreprise, quelle est la première mission d’un chef d’atelier ou d’un responsable de chantier, quelle est la première mission d’un DRH ?

Les réponses varient en général de « être celui qui montre le chemin à l’équipe » à « faire en sorte que les actionnaires continuent d’investir dans notre entreprise pour assurer sa pérennité ».

Deux points essentiels, mais je ne crois qu’une mission est plus primordiale encore.

Quelle est la première mission d’un chef d’entreprise ?

Dans mes conférences sur la prévention des accidents du travail, j’aborde le sujets sous cet angle:

 » Prenons une entreprise de montagne réduite à sa plus simple expression : un guide et votre fils aspirant-guide, qui lui donne un coup de main sur le terrain, durant la saison d’été.

Quelle est la première mission du guide ? Est-ce de faire vivre les plus belles expériences à ses clients, de les mener au sommet, de leur faire découvrir les plus belles montagnes du monde ? Est-ce de gérer les coûts et de bien vendre les prestations pour être en mesure de payer votre fils à la fin de la saison ?

Un vieux guide expérimenté, nous dirait sûrement que la première mission d’un guide est aussi sa première responsabilité : la première mission d’un guide, c’est de faire en sorte, chaque jour, qu’en fin de journée chacun soit encore composé du même nombre de pièces, et assemblées dans le même ordre ! En clair : faire que chacun reste en bonne santé physique et psychologique. Tout le reste est utile, mais accessoire !  »

Vis à vis de nos employés, vis à vis de nos collègues, nous sommes des guides.
Dans tous les milieux qui comportent des risques, à commencer par l’entreprise, chacun d’entre nous, du plus haut responsable au dernier maillon de la chaîne, se doit d’être un peu le guide de l’autre.

La première mission d’un chef d’entreprise, est celle du premier guide : avoir tout fait pour que chacun rentre chez lui le soir.


Sur le même sujet: Sécurité / Prévention des Accidents du travail : la conférence


A quoi sert un outil quand on ne sait pas s’en servir ?

Il existe 3 façons de mourir sous une avalanche :

  • Rares sont les chocs qui provoquent une mort immédiate.
  • Au bout de 15 MN, 92% DES PERSONNES sont ENCORE EN VIE (1) : seule une minorité est décédée par asphyxie.
  • Au-delà, l’espérance de vie chute rapidement, et après trente-cinq minutes il ne reste plus que 30 % de survivants, à cause de l’hypothermie.

En pareille circonstance, seul l’ARVA (appareil de recherche d’une victime d’avalanche) puis l’usage d’une sonde donnent une réelle chance de localiser et d’extraire une victime dans le délai critique des 15 premières minutes.
M. Johnson (2) ne l’ignorait peut-être pas lorsque, hors piste avec sa femme, il la vit disparaître sous une avalanche.

L’ARVA qu’il porte indique très rapidement la direction vers le point où son épouse est ensevelie, dans une pente particulièrement raide. En une poignée de secondes, Johnson est sur place. L’ARVA lui permet de préciser au mieux un périmètre : un cercle de trois mètres de diamètre à peine. Trois petits mètres qui indiquent avec certitude que son épouse est là, tout proche.

M. Johnson se jette sur sa sonde. Chaque seconde compte !
Il sonde et sonde encore. Rien.

Il devrait localiser le corps de son épouse : elle est là, sous ses pieds ou à portée de main. Quelques coups de pelle suffiraient à la faire ré-apparaître ! Quelques coups de pelle, mais où ? Il sonde à nouveau. Contre toute attente, chaque fois la tige de métal s’enfonce dans un néant de neige et plonge Johnson dans le désespoir.

Il se résout à aller chercher du secours dans la vallée et s’élance dans la pente.

Les secours déclenchés, un hélicoptère est dépêché sur les lieux de l’accident. Les sauveteurs localisent rapidement Mme Johnson et l’extraient de la neige. M. Johnson avait sondé verticalement. Il eut fallu sonder perpendiculairement à la surface du sol. Les conditions particulières : la pente particulièrement importante, avaient influencé le cheminement des ondes vers son ARVA. Il eut fallu tenir compte de ces circonstances exceptionnelles en usant de la sonde.

Mme Johnson était en vie alors que son mari sondait, Mme Johnson était toujours en vie lorsqu’il descendait fou de rage chercher du secours. Mais c’est avant que les secouristes ne soient sur place qu’elle est morte d’hypothermie.

Cette histoire n’est pas une fiction.
A monsieur, elle a coûté sa femme. A sa femme, elle a coûté la vie.

Certains penseront qu’ils n’ont pas eu de chance.
D’autres diront que la part laissée à la chance doit tendre vers zéro et qu’il y a eu une défaillance dans le processus de maîtrise des risques.

A quoi sert un outil, à quoi sert une procédure quand on ne sait pas s’en servir ?
A quoi servent-ils si l’on sait s’en servir lors d’exercices de routine, mais qu’on en devient incapable sous stress dans des conditions qui ne sont pas exactement celles des entraînements ?

(1) source ANENA – Association Nationale pour l’Etude la Neige et des Avalanches
(2) nom volontairement remplacé

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