Les articles avec le mot-clés ‘Maîtrise des risques’

Crises (sanitaires, financières…): quels enseignements ?

Qu’elles soient choisies ou subies les ruptures créent des opportunités qu’il faut saisir.
Immédiatement ; malgré de possibles effets de surprise et des faits impossibles.

Et parce qu’elles sont le terreau de la performance dans les paradigmes émergents.

 

Les caractéristiques structurantes de l’univers professionnel ont fusionnées avec celles rencontrées au sein des expéditions en environnement extrême : des espaces qui vont des pays à l’oxygène rare à la banquise, en passant par les eaux parfois tumultueuses du kayak tracté par cerf-volant en pleine mer.

Deux des clefs essentielles ce que j’ai apprise au fil de mes expériences en terrains peu prévisibles :

 

– La capacité d’adaptation, la vélocité, l’autonomie responsable, et la prise de décision au plus proche de l’action priment sur la conformité et la subordination absolue ;

– Ces capacités dépendant de la raison d’être, du mode d’organisation opérationnel, de la qualité des interactions.

De ce point de vue, les organisations calquées sur le vivant disposent d’atouts essentiels.
Il y existe aujourd’hui des réponses opérationnelles qui font les organisations efficientes dans un monde incertain et complexe.

Car l’intelligence de ces organisations est de créer l’efficience en conjuguant réellement la performance opérationnelle et l’Humain ; en maillant à la fois agilité projet et ajustement dynamique et continu.

Grâce à des structures et gouvernance auto-adaptatives, elle se reconfigurent en temps réel, de façon fluide, au quotidien et en cas d’événement aiguë, en résorbant en continu les écarts entre ce que l’organisation est et ce qu’elle devrait être, ce que l’organisation fait et ce qu’elle devrait faire. (Par exemple, en s’appuyant sur l’Holacratie).

Mieux, en disposant aussi d’instances organisées de régulation du relationnel et des interactions, en continu et à haute vitesse, elles font que chacun(e) exprime sereinement sa meilleure performance, en particulier quand le cadre habituel a été perturbé. Elles font aussi progresser, ainsi, chacun en étant témoin du comportement modélisant des personnes les plus à l’aise sur les registres relationnels et émotionnels. C’est un des atouts incomparables, en particulier, de le Gouvernance Cellulaire.

Enfin, pour les organisations les plus avancées, elles tirent parti, aussi, des modes de fonctionnements personnels et tirant parti des préférences cérébrales individuelles (voir ActionType, Elément humain,…).

Une crise sanitaire, sa prolongation en terme de conséquence économique, et l’onde de choc qui s’ensuit dans les espaces financiers, sont autant de signes de confirmation qu’aller vers ces alignements est à la fois pertinent et une question de survie pour l’entreprise. Une bonne nouvelle étant qu’ils soutiennent et démultiplient la fois la performance économique et l’épanouissement des collaborateurs.

La récurrence des événements atypiques (crise financière des subprimes, coronavirus, …) nous impose –et nous offre en même temps– le cadre pour se réinventer en étant un acteur responsable et un facilitateur des changements qui permettent simultanément de faire prospérer l’entreprise et de prendre soin des personnes.

 

Face aux turbulences et aux incertitudes -en cours ou à venir-, êtes-vous bien équipé ?

Vous êtes-vous « reconfiguré » au plus vite au mieux ? Et serez-vous en mesure de le faire à nouveau dans le prochain nouveau contexte imprévisible ?

A la suite d’une crise, il serait illusoire d’imaginer qu’au futur l’environnement initial va simplement être restauré à son exact état antérieur. Pour autant, des solutions opérationnelles existent.

Et pour naviguer sereinement et performer ensemble en eaux calmes, et lorsque le cours s’accélère et devient plus imprévisible.

Aimeriez-vous à la fois rassurer sur l’existence solutions, soutenir les évolutions culturelles requises si tel est le cas, ouvrir les esprits sur les postures adaptées, et accélérer la transformation des modes d’actions dans votre organisation ; voire transformer l’incertitude d’une contrainte subie en un avantage concurrentiel ?

C’est ce à quoi les crises telles que celle du Coronavirus nous invitent.

Maîtrise des risques : des expéditions extrêmes à l’entreprise au quotidien

Douze années comme chef de projet en SSII m’ont amené à gérer des équipes locales, d’autres distantes et multiculturelles, au sein de projets de conception ou de déploiements internationaux. Autant d’entreprises  qui n’auraient pu être menées avec succès sans une solide démarche de maîtrise des risques appliquée à ces actions en entreprise.

Les compétences en gestion de projet perfectionnées dans l’entreprise allaient bientôt être réinvesties à des fins personnelles. La passion pour la montagne et ses activités m’ont conduit à d’autres expérimentations, seul ou en équipe : ascensions à 6.000 ou 7.000m ou traversée de l’Himalaya à pieds durant un an.

Des aventures passionnantes qui ont mis en lumière de manière cruciale que les savoir-faire classiques issus de la sphère professionnelle touchent rapidement leurs  limites dans le contexte particulier des expéditions. La cause ? Des caractéristiques communes avec l’entreprise mais exacerbées à l’excès.

Si l’incertitude existe en entreprise, en expédition elle est le quotidien.

L’environnement évolue dans et autour de l’entreprise. En expédition, les métamorphoses aussi radicales qu’imprévisibles font partie de l’ordinaire.

En entreprise, certaines décisions sont stratégiques. En expédition, nombre d’entre-elles doivent être prises sur la base d’informations parcellaires et peu fiables, voire dont on sait que certaines sont fausses sans savoir lesquelles. Et elles engagent souvent la vie des hommes.

Autant d’éléments qui, à force de percuter les méthodes traditionnelles en entreprise, les rendaient inefficaces.

Pourtant, en expédition comme dans le monde des affaires, il est indispensable d’avancer toujours vers son but, de le faire au plus efficient, tout en conservant un niveau de sécurité suffisant.

Par nécessité de retrouver l’efficacité optimale lors de mes escapades en terres sauvages, les trois piliers qui forment le socle de l’efficience en environnement incertain se sont progressivement dessinés au fil des aventures.

La Performance Positivetm, qui permet d’optimiser à la fois l’excellence métier et de préserver un niveau de bien-être suffisant. Les comportements et fonctionnements A²GI²LEtm, afin de se jouer des obstacles en terrain instable, et d’atteindre son objectif, fût-il en mouvement. L’innovac’tion de rupture, enfin : sortir des cadres et créer de nouveaux concepts, laquelle permet d’obtenir bien plus de résultats, avec moins d’effort, et moins de contraintes.

64.000 auditeurs sont venus découvrir mes escapades et leurs enseignements en conférence. Des dizaines de formations ont été animées sur ces thèmes. Des entreprises et agences événementielles me sollicitent pour confronter les acteurs de l’entreprise aux réalités des environnements incertains, via des mises en situation.

Pourquoi un tel engouement ?

Parce que  l’exigence de garanties sur les résultats sans aucune certitude sur les moyens tend à se généraliser. Et parce que l’environnement des entreprises ressemble chaque jour un peu plus à celui des expéditions.

Or, un constat s’impose : en filigrane de la performance positivetm, du concept Agiletm, comme de l’innov’action de rupture, la double notion d’opportunité et de danger figure chaque fois en bonne place.

Aussi, dire que les concepts au cœur de la maîtrise des risques ont joué au quotidien un rôle essentiel dans la réussite des incursions au pays de l’oxygène rare n’est pas une exagération : c’est la simple reconnaissance d’un fait. En expédition, il ne suffit pas de progresser vers l’objectif : à chaque pas, il est indispensable de le faire en assurant un niveau de sécurité suffisant !

Dans un environnement professionnel de plus en plus caractérisé par l’incertitude et l’imprévu, la Maitrise des Risques n’est plus en plus un outil utile pour mener son projet au succès : elle est indispensable.

Elle rend plus sûr ce qui ne l’était pas. Elle aide à s’aventurer avec plus d’assurance dans l’incertitude des projets. Elle contribue à prendre les meilleures décisions. Elle permet de se jouer des obstacles.

Mieux : en fournissant une capacité supérieure aux tiers à adresser des opportunités sensibles, elle vous permet de disposer d’un avantage concurrentiel.


Maîtriser vos risques dépend-t-il de vos moyens ?
Ou de l’intelligence de votre réponse ?

Gravir un sommet de plus de 7.000 m dans des conditions de sécurité raisonnables ne s’improvise pas.
En matière de santé, disposer d’une pharmacie adaptée est indispensable.

Alors que je préparais l’ascension du Himlung Himal (7.126m) en 2001, nous avions pris conscience d’un facteur de risque particulier.

Notre matériel allait être transporté à dos d’homme durant des jours, dans des paniers de bambou tressé. Le risque de perte de la pharmacie était loin d’être négligeable pour un élément aussi critique, eu égard aux cabrioles à venir dans un terrain particulièrement accidenté par endroit, et lors des possibles traversées de torrents à gué.

La réponse spontanée à cette question avait été de doubler la pharmacie.

Nous avions finalement opté pour deux mesures :
– la répartition de chaque élément de la pharmacie en quantités égales dans deux conteneurs distincts,
– un contrôle avant chaque départ : vérifier que les conteneurs étaient entre les mains des porteurs différents.

Pourquoi ce choix ?

Perdre la totalité de la pharmacie de notre expédition était totalement inenvisageable. En perdre la moitié eu été déplorable, mais gérable néanmoins.

Doubler notre pharmacie était une option présentant un réel intérêt par rapport au choix de la diviser en deux. Mais c’était aussi une option chère.
Le ratio bénéfice attendu sur coût n’était pas le meilleur.

Parfois, un simple changement d’organisation rend possible de réduire un risque presque autant qu’investir dans une action coûteuse.

Maîtriser les risques n’est pas nécessairement signer un chèque !
C’est aussi une question d’intelligence et d’organisation pour maximiser les effets au moindre coût !


A quoi sert un outil quand on ne sait pas s’en servir ?

Il existe 3 façons de mourir sous une avalanche :

  • Rares sont les chocs qui provoquent une mort immédiate.
  • Au bout de 15 MN, 92% DES PERSONNES sont ENCORE EN VIE (1) : seule une minorité est décédée par asphyxie.
  • Au-delà, l’espérance de vie chute rapidement, et après trente-cinq minutes il ne reste plus que 30 % de survivants, à cause de l’hypothermie.

En pareille circonstance, seul l’ARVA (appareil de recherche d’une victime d’avalanche) puis l’usage d’une sonde donnent une réelle chance de localiser et d’extraire une victime dans le délai critique des 15 premières minutes.
M. Johnson (2) ne l’ignorait peut-être pas lorsque, hors piste avec sa femme, il la vit disparaître sous une avalanche.

L’ARVA qu’il porte indique très rapidement la direction vers le point où son épouse est ensevelie, dans une pente particulièrement raide. En une poignée de secondes, Johnson est sur place. L’ARVA lui permet de préciser au mieux un périmètre : un cercle de trois mètres de diamètre à peine. Trois petits mètres qui indiquent avec certitude que son épouse est là, tout proche.

M. Johnson se jette sur sa sonde. Chaque seconde compte !
Il sonde et sonde encore. Rien.

Il devrait localiser le corps de son épouse : elle est là, sous ses pieds ou à portée de main. Quelques coups de pelle suffiraient à la faire ré-apparaître ! Quelques coups de pelle, mais où ? Il sonde à nouveau. Contre toute attente, chaque fois la tige de métal s’enfonce dans un néant de neige et plonge Johnson dans le désespoir.

Il se résout à aller chercher du secours dans la vallée et s’élance dans la pente.

Les secours déclenchés, un hélicoptère est dépêché sur les lieux de l’accident. Les sauveteurs localisent rapidement Mme Johnson et l’extraient de la neige. M. Johnson avait sondé verticalement. Il eut fallu sonder perpendiculairement à la surface du sol. Les conditions particulières : la pente particulièrement importante, avaient influencé le cheminement des ondes vers son ARVA. Il eut fallu tenir compte de ces circonstances exceptionnelles en usant de la sonde.

Mme Johnson était en vie alors que son mari sondait, Mme Johnson était toujours en vie lorsqu’il descendait fou de rage chercher du secours. Mais c’est avant que les secouristes ne soient sur place qu’elle est morte d’hypothermie.

Cette histoire n’est pas une fiction.
A monsieur, elle a coûté sa femme. A sa femme, elle a coûté la vie.

Certains penseront qu’ils n’ont pas eu de chance.
D’autres diront que la part laissée à la chance doit tendre vers zéro et qu’il y a eu une défaillance dans le processus de maîtrise des risques.

A quoi sert un outil, à quoi sert une procédure quand on ne sait pas s’en servir ?
A quoi servent-ils si l’on sait s’en servir lors d’exercices de routine, mais qu’on en devient incapable sous stress dans des conditions qui ne sont pas exactement celles des entraînements ?

(1) source ANENA – Association Nationale pour l’Etude la Neige et des Avalanches
(2) nom volontairement remplacé

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